PIANOS ESTHER

La plus ancienne maison de pianos de Wallonie

 


Marie-Félicité-Denise Pleyel

(Paris, 4 septembre 1811 - Bruxelles, 30 mars 1875)


"Pleyel (madame Marie-Félicité-Denise), femme de Camille Pleyel, connue d'abord sous le nom de mademoiselle Moke, est née à Paris, d'un père belge, professeur de linguistique, et d'une mère allemande. Elle est soeur de feu M. Moke, professeur de l'université de Gand, membre de l'Académie royale de Belgique et littérateur distingué. Dès ses premières années, mademoiselle Moke fit voir des dispositions exceptionnelles pour la musique. Son premier professeur de piano fut M. Jacques Herz. A peine âgée de neuf ans, elle fixait déjà sur elle l'attention des artistes et des amateurs. A cette époque, Moschelès, alors à Paris, lui donna des leçons. Lorsqu'elle eut atteint sa douzième année, elle vint en Belgique avec ses parents et se fit entendre dans quelques concerts, où elle excita l'étonnement général par sa précoce habilité. De retour à Paris, elle devint élève de Kalkbrenner, à qui elle fut redevable des parfaites traditions de l'école de Clementi, de l'égalité d'aptitude des deux mains et de la clarté qui, depuis lors, sont au nombre des qualités de son merveilleux talent. A quinze ans, mademoiselle Moke était déjà comptée parmi les pianistes de premier ordre de cette époque. Après son mariage avec Camille Pleyel, elle reçut de son mari de très utiles conseils sur le style d'expression, car, ainsi qu'on l'a vu dans la notice précédente, il avait pu apprécier les rares qualités de Dussek sous ce rapport, et lui-même était doué d'un goût fin et délicat. Aux qualités classiques qu'elle avait puisées à l'école de Kalkbrenner, madame Pleyel avait ajouté la délicatesse et le charme, lorsqu'elle partit pour l'Allemagne et la Russie. A Pétersbourg, son talent subit une nouvelle transformation, après qu'elle eut entendu Thalberg. Le son splendide que tirait du piano cet artiste célèbre la saisit et lui fit comprendre quelles devaient être désormais ses études pour donner à son jeu cette ampleur de sonorité. A son retour en Allemagne, les succès qu'elle obtint dans ses concerts eurent un grand retentissement constaté par les journeaux, notamment par la Gazette générale de musique de Leipsick. Dans cette ville, Mendelsohn voulut diriger personnellement l'orchestre de ses concerts et donna le signal des applaudissements. A Dresde, à Prague, même enthousiasme. A l'arrivée de madame Pleyel à Vienne, les artistes et les amateurs semblaient fanatisés par le talent de Liszt : ce grand artiste y donnait alors des concerts où la foule se précipitait et faisait au héros du piano des ovations dont il n'y avait pas eu d'exemples jusqu'alors dans la capitale de l'Autriche. Entrer en lutte contre de tels succès eût été dangereux pour tout autre talent que celui de madame Pleyel : mais dès son premier concert, l'impression profonde qu'elle produisit lui prouva qu'elle n'avait pas été téméraire. Liszt, qui d'ailleurs a toujours montré beaucoup de sympathie à madame Pleyel, avait eu le bon goût de se faire son champion dans cette circonstance : il la conduisit lui-même au piano et lui tourna les feuilles. La haute aristocratie viennoise avait pris madame Pleyel sous sa protection, et tous les salons se disputaient l'avantage de la faire entendre à des auditoires d'élite.

En quittant Vienne, madame Pleyel se rendit directement à Bruxelles, où sa mère s'était fixée. Ce fut dans cette ville qu'elle réalisa le projet, formé à Pétersbourg, de réunir, aux précieuses qualités qu'elle possédait, la puissance sonore qui ne semble pas appartenir à la délicate constitution des femmes. Evitant pendant cinq ans les occasions de se faire entendre, elle fit, dans la solitude, un travail incessant pour atteindre à son but, et pour se jouer des difficultés de mécanisme les plus inouïes. Sûre d'elle-même après cinq années d'efforts et d'abnégation, madame Pleyel voulut rentrer avec éclat dans le monde musical, et se rendit à Paris, en 1845, pour y donner des concerts. La première fois qu'on l'entendit, peu de jours après son arrivée, ce fut dans une soirée musicale donnée dans les salons de Pape, facteur de pianos. L'effet qu'elle produisit fut magique : les meilleurs artistes, à la tête desquels était Auber, et les organes principaux de la presse, l'entourèrent et la pressèrent de produire au grand jour son talent, dont le caractère était nouveau et différent de celui de tous les autres grands pianistes. Elle donne en effet au Théâtre Italien, deux concerts qui firent naître une émotion extraordinaire, et dont le souvenir ne s'est pas effacé à Paris. Le troisième concert était près d'être donné, lorsque la nouvelle d'une grave maladie de la mère de madame Pleyel lui parvint : elle partit immédiatement abandonnant la continuation du succès dont il y a peu d'exemples. En 1840, madame Pleyel se rendit à Londres, où l'effet qu'elle produisit ne fut pas inférieur à celui qu'elle avait fait à Paris.

En 1848, cette grande artiste a été nommée professeur de piano au Conservatoire royal de Bruxelles : c'est à elle que cette institution est redevable d'une véritable école de piano ; car avant qu'elle eût fait connaître à la Belgique les avantages de l'enseignement normal et fondamental pour jouer de cet instrument, cette partie de l'art était dans un état évident d'infériorité à l'égard des autres. Listz lui a dit et répété souvent : Il existe des pianistes très habiles qui se sont ouvert des routes particulières, et qui obtiennent de brillants succès par les choses qui leur sont familières ; mais il n'y a qu'une seule école appropriée à l'art, dans toute son extension : c'est celle de madame Pleyel. Les élèves formés par elle ont répandu ses traditions dans le monde ; de là vient que l'art de jouer du piano est aujourd'hui cultivé avec tant de succès en Belgique.

A différentes époques, depuis 1848, madame Pleyel a voyagé dans diverses parties de la France et y a excité l'enthousiasme dans ses concerts, ainsi qu'à Paris : toutefois, il est juste de dire que la portée de son talent dans tous les genres de musique n'est connue que du petit nombre de personne qu'elle admet à l'entendre chez elle. Les artistes et amateurs étrangers qui jouissent de ces avantages sont émerveillés de ce talent, de ces mains auxquelles aucune difficulté ne résiste, de cette puissance foudroyante, de cet art de modifier le son en raison du caractère de la musique, art que personne n'a poussé aussi loin ; de sa grâce inimitable, enfin, de sa haute poésie dans la musique classique des grands maîtres. Les artistes qui l'accompagnent dans cette musique sont toujours ébahis, confondus, accablés par cette réunion inouïe de tant de qualités supérieures. J'ai entendu tous les pianistes célèbres, depuis Hullmandel et Clementi jusqu'à ceux qui jouissent aujourd'hui d'une renommée méritée ; mais je déclare qu'aucun d'eux ne m'a donné, comme madame Pleyel, le sentiment de la perfection." (Extrait de FÉTIS, François-Joseph, Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique, tome 7, 1860-68, Paris, p. 79-80.)

Au printemps 1830, Hector Berlioz s'éprend de Marie Moke. Prix de Rome en poche, il doit partir pour l'Italie, mais il est assuré d'épouser Marie. A la villa Médicis, il ne reçoit ni nouvelles ni lettres de Marie. Il décide de rentrer à Paris. Sur le chemin du retour, à Florence, une lettre de Mme Moke mère lui apprend le prochain mariage de Marie avec le facteur de pianos Camille Pleyel. Berlioz ourdit aussitôt le projet d'un triple assassinat contre Marie, sa mère et Camille Pleyel en n'oubliant pas son propre suicide. Berlioz raconte cet épisode dans ses Mémoires (1803-1865). Cliquez ici.

Une aventure d'amour est un récit romancé qui rappelle la liaison de Dumas avec la célèbre cantatrice Caroline Ungher. Avant de se rendre à Spa (province de Liège), Dumas lui fait visiter Bruxelles et passe par le salon de musique de Marie Pleyel. Cliquez ici.

La Gazette Musicale de Paris rend compte de la saison musicale à Vienne le 16 décembre 1839 (Extrait de L'Artiste, Paris, 1839, t. 2, p. 297.) Cliquez ici.




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