PIANOS ESTHER

La plus ancienne maison de pianos de Wallonie

 


Estonia

Une production tournée aujourd'hui vers les Etats-Unis




Armoiries de l'Estonie avec ses trois guépards.


Un peu d'histoire :

Pays plat au climat frais, l'Estonie trouve son origine dans une population finno-ougrienne qui doit s'unir dès le IXème siècle contre les envahisseurs vikings, puis russes (XI-XIIème siècle) et finalement danois qui les écrasent avec les chevaliers allemands Porte-Glaive, ordre fondé par l'évêque de Riga pour convertir les païens de cette région historique appelée alors Livonie (1217). Les Portes-Glaives fusionneront avec les Chevaliers Teutoniques et gouverneront le pays jusqu'à ce que les Suédois les remplacent (1629). Peu après l'Estonie est intégrée à l'Empire russe (1721-1920). De la domination des chevaliers de l'ordre Teutonique restera une structure sociale fortement marquée par les grands propriétaires terriens d'origine allemande (barons baltes). A la suite de la première guerre mondiale et de la révolution russe (1917), la Russie reconnaît l'indépendance du territoire estonien. Il s'ensuit néanmoins de multiples avatars : répression des tentatives de coup d'Etat communiste, constitution présidentielle, Etat autoritaire... En 1940, suite au Pacte germano-soviétique, l'Estonie est annexée par l'U.R.S.S., avant d'être occupée par les Nazis (1941-1944), puis de devenir une république soviétique intégrée à l'U.R.S.S. (1944). 40% de la population sont russes, ce qui posera des problèmes d'intégration. Cinquante ans plus tard (1991), elle recouvre l'indépendance et fait bientôt partie de l'Union européenne (2003).





Les pianos en Estonie :

Au cours du XIXème siècle, la région estonienne (rappelons qu'elle est alors partie intégrante de la Russie tsariste et compte moins d'un million d'habitants) est riche de plusieurs petits ateliers de fabrication et de réparation de pianos. Aux portes de la Baltique, l'Estonie occupe une position commerciale de choix : ouverture sur les mers, fortes relations avec l'Allemagne et proximité du marché russe. Tallinn est à 350 km de Saint-Pétersbourg, la porte d'entrée occidentale de l'Empire russe.

Ces petits ateliers de pianos ont une production relativement confidentielle destinée au marché intérieur et à la Russie. Leurs fondateurs sont souvent d'origine allemande : Goldorff, Rathke, Heine, J. R. Pöörman, Romm, Leppenberg, Bürger, Kraemenn, Moor... Saint-Pétersbourg, la grande métropole russe à l'embouchure de la Neva, possède des fabriques de pianos importantes. Ainsi Carl Rönisch de Leipzig y déploie une succursale d'assemblage de ses pianos pour la Russie (plus de 1000 instruments par an). Mais la révolution de 1917 a une conséquence : des facteurs de pianos de la métropole russe se replient vers l'Europe occidentale et les pays baltes, venant ainsi enrichir le potentiel de production de pianos en Estonie.

Dans les années 1920, quelques fabriques plus importantes voient le jour. Elles produisent principalement des pianos droits. Ainsi la manufacture Astron (1923). C'est dans cette manufacture que se retrouve Ernst Hiis (orthographié aussi Ihse), considéré comme un des pères fondateurs de l'industrie moderne du piano en Estonie. Celui-ci a entrepris divers voyages d'initiation et de maîtrise : en Russie où il a sans doute visité l'usine Rönisch de Saint-Pétersbourg, en Allemagne chez Blüthner et Steinway.

C'est en 1903 qu'il crée sa propre entreprise à Tallinn, mais il est aussi alors l'accordeur de la firme leipzigeoise Zimmermann... En 1915, il vend tout à la manufacture Diederichs... Il voyage à nouveau ; travaille en Estonie pour la fabrique de pianos Moor. Puis il part à Paris visiter les pianos Erard et Gaveau et sans doute Pleyel. En 1927, il sort son premier piano à queue qui ne porte ni son nom ni celui d'Estonia et qui en fait un clone, copie bon marché des fabrications allemandes : quasi tous les matériaux sont allemands, la mécanique vient de Paris (Schwander-Herrburger) ou de Stuttgart (Renner), les cordes de Röslau, etc.





Médaillon du cadre d'un piano Diederichs - Saint-Pétersbourg, c. 1900.


La seconde guerre mondiale arrête toute fabrication de pianos en Estonie. Les ateliers sont détruits... Seul subsiste celui-ci de Ernst Hiis qui peut continuer à fabriquer quelques pianos à queue. Pour le 70èmeème anniversaire de Joseph Staline, la République estonienne, en tant que membre de l'Union des Républiques socialistes soviétiques - U.R.S.S., envoie un cadeau à Moscou : un piano à queue d'Ernst Hiis. Le dictateur en est très content et sur ses ordres est fondée en 1950 la TALLINA KLAVERIVABRIKU (Fabrique de pianos de Tallinn) avec Osvald Kuub à sa tête et Ernst Hiis comme ingénieur en chef. De ce fait, la production Estonia doit voir sa fondation fixée en 1950 et non en 1893 (!) comme le laisse à penser le logo de la firme.





Les pianos à queue Estonia commencèrent à être assemblés en 1950 suite à l'ordre de Joseph Staline.


La marque de fabrique de cette usine est ESTONIA. L'usine doit, selon les directives du Kremlin, fournir des pianos à queue aux républiques de l'U.R.S.S., ce qui n'empêche pas l'exportation : ainsi un piano à queue Estonia est présenté à l'Exposition internationale de Bruxelles (1958). Continuant son parcours sous le régime d'état soviétique, la fabrique de Tallinn (pianos Estonia) devient une usine importante pour la fourniture de pianos à queue à l'ensemble de l'U.R.S.S. (bien que les institutions les plus prestigieuses de l'Union soviétique se dotaient de pianos provenant de l'ex-Allemagne de l'Est : Blüthner, August Förster, Rönisch...) En 1987, la firme Estonia est honorée d'une médaille d'or à la Foire d'automne de Leipzig.





Décalcomanie sur la table d'un piano à queue Estonia
portant la mention Made in USSR (Union des Républiques socialistes soviétiques).


Vient alors la fin de l'U.R.S.S. (1990). L'industrie du piano d'Estonie est moribonde : faibles ventes, usines obsolètes... S'ensuit une nouvelle indépendance de la République d'Estonie qui demande son adhésion à l'Union européenne (2003) comme à l'OTAN. C'est alors qu'un américano-balte s'intéresse à la fabrication de pianos en Estonie et achète les pianos ESTONIA. Dollars à l'appui et mains d'œuvre bon marché mènent à une nouvelle production (encore essentiellement basée sur l'intégration et le montage de matériaux allemands). La nouvelle usine est construite en 2003, année de l'adhésion de l'Estonie à l'Union européenne avec ses subsides. La production de pianos ne s'adresse plus à l'U.R.S.S. ou à la Russie mais pour l'essentiel aux U.S.A.




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